tire ta langue !

Sentir son cerveau

" Bobby arriva sur le parking aux environ de 23 h 59. « Bientôt zéro heure » se fit-il la remarque. Et il croisa les doigts pour conjurer le sort – zéro était un chiffre qui lui portait la poisse.
Comme le parking était désert, il se rendit vite compte que Cynthia n’était pas là. Pourtant elle aurait du. Il lui avait fixé rendez-vous à minuit pétante.
« Après tout ce n’est qu’une femme » pensa-t-il. Il sourit. Ce retard lui donnait une bonne occasion d’accueillir sa petite amie par une bonne engueulade avant de la larguer définitivement. Il venait d’apprendre par la bande qu’elle était enceinte des ses oeuvres et qu’à la fin du mois elle se retrouverait au chômage et sans logement. « Pas de ça poupée… » lâcha Bobby qui, par inadvertance, inhuma un grand coup. « Ouf, ça chlingue grave dans la carrée, j’ai du marcher dedans ! » se fit-il la remarque et il éternua un grand coup pour chasser de ses narines l’odeur pestilentielle qui régnait dans la voiture et sentit un grand vide s’installer en lui."

Robert Robert "La vie comme elle va"

 

Parti habiter ailleurs suite à des déboires.

" Pas le moindre souffle de vent, les splendides constellations se dessinent avec une incomparable pureté dans un ciel sans nuage. Les voiles de  la "guimbarde" – bâtiment de cent quinze tonneaux – immobiles  pendent le long des mâts.  la lumière de la lune éclaire l'océan d'une lueur indéfinissable. L'aube point.
Tout semble calme, en effet, lorsque tout à coup des murmures, des échanges à voix basses   se propagent sur le bâtiment et se transforment en un tollé général. Un accident inopiné s'est-il produit à bord? Non. Les quarante-six hommes de la Guimbarde viennent d'apprendre qu'ils doivent cet épuisant voyage sans retour dans l'hémisphère austral aux déboires amoureux du décidé de hors-loger définitivement de Grande-Bretagne. "

Jules Berne - Le Tour du monde en 80 ans

Journaliste affecté aux gares les jours de grève. C'est un spécialiste de micro-trottoirs qui recueille et forge l'opinion courante.

Petite scène:

"Alors, que pensez-vous de cette nouvelle grève et surtout du fait d'être pris traîtreusement en otage?
- Eh bien, y'en a marre d'être pris traîtreusement en otage !
- Bénéficiez-vous au moins du soutien d'une cellule psychologique ?
- Que dalle ! Et même pas de couvertures !
- Remarquez, il fait plutôt chaud...
- Et même pas de boissons fraîches !"

S'enfoncer dans un fauteuil design dont on ne pourra ressortir sans aide extérieure, et, par extension se fourrer dans des situations inextricables

Scène prise sur le vif:

Il est quatorze heures cinquante-neuf minutes de l’après-midi.
L’homme entend hurler.
Il sursaute :
"J’espère que ce n’est pas moi" dit-il en rougissant.
Pour vérifier, il hurle. mais à voix basse.
Non ce n’est pas lui.
Il hurle en si bémol.
Soulagé l’homme se festrangule.

Il doit être quinze heures pétantes.

"II est pas en avance le pschit". dit-il à voix basse

L’homme veut en avoir le cœur net.
Il tente de regarder sa montre.
En vain.
Il ne peut plus bouger son bras gauche.
Le droit non plus.
Pris au piège
"Merde ! " lâche-t-il in petto .

On entend un hurlement en si bémol.       

E.M. Le journal d'un pschit.Souvenirs

 

Objet placé en évidence sur le bord d'une route pour rappeler à chaque automobiliste que sa route croise celle des autres et que nous sommes mortels.

Je notais la présence d'émouvantails sous forme de silhouettes noires sur la nationale du Sud Bretagne - où figurait le nombre de morts pour une certaine année – et j'en retrouvais un, vêtu d'un ciré jaune, au beau milieu d'un champ.

Edward Leclerc : Les nationales en France. 1999

Spectateur connaissant les rôles d’une pièce par cœur et qui ne se prive pas de le faire savoir lors des représentations théâtrales.

« Une casserôle notoire et en fin de vie qui, égrotant, la mémoire mangée aux mites, hantait les salles pour y tousser tout son saoul. On la reconnaissait dans quelques enregistrements publics des pièces du répertoire de la Comédie française. »

Avignon, ville d’art.

De bigot et de faune.

Satyre sévissant dans les lieux de culte où les édicules circonvoisins.

« Y’a vot’ téléfaune…
- Bigofaune mon enfant, bigofaune.
- Oui, eh ben vot’ bigofaune, il me fait des signes cochons.
- Il vous envoie des essémesses mon enfant, des essémesses. »

Apprenons à communiquer  A.B

Construire des annexes pour épater ses amis et parce que les oukaines à la campagne n'en finissent pas.

"Ils nous invitèrent à un pince-fesse, suivi d'une sauterie sur le pouce, prétexte à admirer le poulailler tout juste amipâté, et un projet concernant la niche du chien qui n'en menait pas large. "

E.H: Bons voisins, bons matins!

N.B : En Alsace, la chambre d'amis est souvent remplacée par une espèce de nid de cigogne qui défigure les habitations et attire d'énormes oiseaux noirs et blancs qui mangent des grenouilles et enlèvent les bébés en période de disette.